• Cesaria Evora (Cap-Vert)

    Née d’une mère cuisinière et d’un père musicien, Césaria Evoria est la représentante la plus connue de la morna, la musique identitaire du Cap-Vert, un archipel africain, anciennement colonisé par les Portugais. Après plus de 30 ans de carrière, elle acquiert une notoriété tardive en 1992, avec son quatrième disque chez le label Lusafrica, « Miss Perfumado ». Mondialement connue, Césaria Evoria remporte le Grammy Award de la catégorie « Musiques du monde », ainsi qu'une Victoire de la musique en 2004. Elle décède le 17 décembre 2011 des suites de problèmes cardiaques et respiratoires. (Chanson jointe : "Petit Pays".)

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    Ses origines

    Cesária Évora est née le 27 août 1941 à Mindelo au Cap Vert, ancienne colonie portugaise. Sa mère, Dona Joana est cuisinière dans les familles de riches blancs. Son père, Justino da Cruz Évora, pratique le violoncelle, le cavaquinho (petite guitare à quatre cordes), la guitare et le violon. Il permet surtout à sa fille, grâce à ses relations artistiques, de fréquenter les plus grands musiciens du pays.

     

    La morna et Francisco Xavier da Cruz

    Ainsi de Francisco Xavier da Cruz, plus connu sous le pseudonyme de Bia Leza, qui s'est très tôt intéressé à la morna. Ce style musical, héritier des traditions angolaises (percussions africaines) et des modinhas brésiliennes, mais également des chants de marins britanniques et du fado portugais. Sur un rythme ralenti, il commence dans ses textes à évoquer des préoccupations plus quotidiennes et immédiates. Désormais, et à l'instar du blues, la morna peut chanter l'amour, la mort, le désir

     

    Sa carrière musicale

    A 16 ans, elle rencontre l'amour : Eduardo est marin, vaguement guitariste. Entre autres choses, il initie la jeune fille à quelques subtilités d'interprétation, et l'incite à se produire dans bars et cafés, du quartier Interlope de Mindelo. Pour quelques pièces de monnaie, la chanteuse se produit également dans le kiosque à musique de la ville.

    Cesária est âgée de 20 ans lorsqu'elle croise la route de Gregorio « Goy » Gonçalves. Ce musicien émérite (l'un des plus fins guitaristes du pays) est un fervent adepte du théâtre de rue, et sa renommée s'étend à tout le Cap-Vert. Eduardo, lui permet de se produire sur les ondes de la radio locale. Ces émissions lui valent d'acquérir une renommée étendue aux îles les plus proches. La chanteuse enregistre quelques disques, qui augmentent sa réputation. Deux de ces bandes enregistrées se retrouvent édités en albums aux Pays-Bas et au Portugal.

    Au début des années 70, la chanteuse elle est une vedette incontestable de l'archipel. S'ils n'ont pas généré de ventes faramineuses, les quelques disques édités sous son nom constituent une carte de visite.

     

    La pause dans sa carrière

    En 1975, la République du Cap-Vert accède à l'indépendance. Le Parti pour l'Indépendance du Cap-Vert, d'obédience socialiste, prend le pouvoir, en instaurant un système politique unipartite. La répercussion immédiate sur les activités économiques est d'une conséquence sur le tourisme : bars, restaurants, salles de spectacles ferment les uns après les autres. Cesária Évora, qui, de plus, a plongé dans une longue et profonde période de dépression nerveuse, et la conviction qu'elle ne subviendra jamais à ses besoins élémentaires par son chant, décide d'interrompre sa carrière de chanteuse.

     

    Son retour dans la musique

    En 1985, la chanteuse participe à une délégation d'artistes féminines capverdiennes, qui enregistre un disque à Lisbonne. Les ventes de l'album sont confidentielles, mais ce retour dans les studios, redonne foi en sa carrière à la quadragénaire. Néanmoins, elle continue à chanter dans les bars, et sur les bateaux à touristes : elle a deux enfants à nourrir et une mère désormais à charge.

    En 1987, elle est approchée par le chanteur Bana. Il souhaite donc que la chanteuse l'accompagne à l'occasion d'une série de concerts pour laquelle il a été engagé par la communauté capverdienne du New Jersey. Elle est alors contrainte de se produire dans l'établissement de Bana, afin d'engranger quelques cachets.

     

    Sa rencontre avec José Da Silva

    A la fin de l'année 1987, alors que la capverdienne chante dans le restaurant de son aîné pour régler gîte et couvert, un client un peu particulier est conquis. José Da Silva est un Français d'origine cap-verdienne , il dirige un jeune label voué aux musiques de l'île : Lusafrica. Il lui propose de rallier Paris en sa compagnie, afin de préparer l'enregistrement d'un disque.

    Presque quinquagénaire, la chanteuse accepte. José Da Silva rassemble autour d'elle pour ce premier album la fine fleur des musiciens de l'archipel. La sortie de l'album La Diva Aux Pieds Nus (1988) s'accompagne de concerts parisiens, mais le disque ne recueille qu'un succès d'estime.

    José Da Silva s'obstine et, en 1990, un deuxième album sort, intitulé Distino di Belita. Le succès n'est que mitigé, mais le disque attire l'oreille des organisateurs du Festival de Musiques Métisses d'Angoulême, en Charente. Les séances se déroulent au mois de mai 1991, et s'accompagnent de quelques concerts, essentiellement à Angoulême et Paris. Dans le public clairsemé, quelques journalistes (dont ceux du quotidien Libération) sont intéressés et initient le début d'un bouche-à-oreille. Mar Azul est édité en octobre de la même année et le traditionnel concert parisien d'accompagnement se déroule dans une salle comble.

     

    Le succès

    Son producteur, décidé à embrasser un projet plus ambitieux encore, lui fait enregistrer en octobre 1992 Miss Perfumado. Cesária Évora y est à son sommet, immortalisant pour l'histoire parmi ses plus belles chansons (« Miss Perfumado » est une splendide morna signée Bia Leza). Le disque se vend à plus de 300 000 exemplaires.

    Au mois de juin 1993, la chanteuse remplit la salle de l'Olympia à deux reprises, exploit invraisemblable quelques mois auparavant. Elle entame de multiples tournées de par le monde : en Europe (dont des dates triomphales en Suède), en Afrique, au Brésil et au Canada. A Lisbonne, des scènes d'hystérie accompagnent ses différents spectacles.

    En 1994, un changement de label (elle a signé chez BMG) s'accompagne de la sortie d'un nouvel album, Sodade, Les Plus Belles Mornas de Cesária Évora. Disques d'or et productions discographiques s'enchaînent avec régularité : Cabo Verde (1997), Best of Cesária Évora et Café Atlantico, São Vicente di Longe (2001). Elle croise également la star brésilienne Caetano Veloso, avec lequel elle grave un duo.

    En 2002, une anthologie (Mornas e Coladeras) est éditée. Cesaria Evora enregistre ensuite un nouvel album (Voz d'amor). En 2004, ce disque remporte le Grammy Award de la catégorie « Musiques du monde », ainsi qu'une Victoire de la musique. En 2006, son nouvel enregistrement (Rogamar) accueille plusieurs invités, comme Cali et Ismael Lô, mais, signe d'une fidélité constante, est enregistré en grande partie dans sa ville natale de Mindelo.

    A l'automne 2009 sort Nha Sentimento, un album bouleversant qui fait suite à sa décoration de la Légion d'Honneur et à la mort de son auteur fétiche, Manuel de Novas.

    En septembre 2011, elle doit annuler sa dernière tournée, avant d'être hospitalisée en décembre à Mindelo sur son île natale. Cesária Évora décède finalement le 17 décembre 2011 des suites de problèmes cardiaques et respiratoires.

     

    Source : http://www.deezer.com/fr/artist/4086