• L'esclavage en France (6) : Les relations interraciales

    ¤ Le danger des relations interraciales, selon Poncet de la Grave...

    - En 1762, le procureur du Roi, Poncet de la Grave, estime que les Edits de 1738 et de 1776 sont inutiles car inappliqués : le nombre de Noirs dans la capitale s'accroît banalement en dépit du risque de "défiguration" de la nation (relations sexuelles interraciales, caractère dangereux des Noirs, libres ou pas).

    - En 1777, il saisit l'opportunité de la « Police des Noirs » pour régler en partie le problème des liaisons interraciales qu'il avait soulevé précédemment, et en particulier concernant les prostituées noires. Cependant, Poncet de la Grave devait obtenir une permission spécifique et individuelle pour chaque Noir qu'il voulait arrêter, et que seul le lieutenant général de police à Paris distribuait. Toutefois, du fait de son insistance, les autorités compétentes acceptèrent finalement que des Noirs puissent être arrêtés à sa demande, à condition néanmoins que ceux-ci soient immédiatement conduits à la prison du Châtelet, où il devait alors obtenir une permission pour les interroger. Le procureur du Roi défendait notamment sa position en arguant qu'en expulsant les Noirs aux colonies, on protégeait ainsi la jeunesse des maladies vénériennes qu'ils transmettaient, puisqu'on en supprimait la cause ; idem pour les mariages interraciaux. Poncet de la Grave associait en effet les Noirs aux maladies vénériennes, et la quarantaine qu'il prônait ressemblait plus à une métaphore de la quarantaine de la nation blanche contre la contamination par les Noirs.

    ¤ L'échec des plans de De la Grave...

    - Poncet de la Grave avait arrêté deux prostituées noires, dont il avait ordonné l'expulsion vers les colonies, après les avoir interrogées. Toutefois, Chardon contrevint aux ordres de De la Grave en ordonnant la libération des deux femmes, qui n'avaient été coupables que de "libertinage", et rejeta les requêtes de De la Grave pour arrêter et interroger toutes les prostituées noires et les vagabonds. De plus, pour anticiper toute future demande de Poncet De la Grave, Chardon disposa que l'autorité de ce dernier, dans le cadre de la Police des Noirs, était limitée à l'arrestation des Noirs arrivés en France depuis la date de la publication de la loi.

    Source : "There are no slaves in France", de Sue Peabody.