• Willard Wigan

     

    Willard Wigan est un nanosculpteur britannique, dont les œuvres ne peuvent se voir qu'au microscope.

    Sa scolarité a été marquée par sa dyslexie, qui l'empêchait de suivre correctement. Traité de cancre, il se réfugie dans son propre univers à l’âge de 5 ans et se met à construire des maisons pour les fourmis. Il leur confectionne des chaussures et des chapeaux. L’enfant n’a plus qu’une obsession, rapporte The Daily Telegraph : créer des choses de plus en plus minuscules. « Les gens me faisaient me sentir tout petit : je voulais leur montrer la grandeur de la petitesse. »

    Adulte, Wigan travaillera en usine pendant 20 ans, jusqu’en 1999, année où il devient célèbre du jour au lendemain. Pour le mariage du Prince Edward et de Sophie Rhys-Jones, il sculpte au bout d’une allumette l’œuvre intitulée Edward and Sophie : The Perfect Match (jeu de mots entre un « couple parfait » et une « allumette parfaite »). Cette prouesse fera sa réputation. Depuis, il a réalisé environ 160 sculptures de ce type.

    Les sculptures de M. Wigan sont en général montées sur une tête d'épingle ou dans le chas d'une aiguille, puis placées sous un dôme transparent puissamment éclairé. Le microscope est évidemment fourni avec le tout pour admirer la pièce, qui peut descendre jusqu’à 6,7 microns, soit un tiers de la taille d’un point dans un article de journal. Leur prix est inversement proportionnel à leur taille : ces minuscules figurines peuvent coûter jusqu’à 140 000 dollars pièce, rapporte Wired.

    Chez lui, à Birmingham, il se met en sous-vêtements et sculpte souvent tard dans la nuit, quand la ville est silencieuse. La réalisation d'une œuvre peut lui prendre jusqu'à trois mois. Il prend un minuscule scalpel qu'il a fabriqué lui-même, colle ses yeux sur un microscope grossissant 800 fois et travaille entre deux battements de cœur pour minimiser les vibrations. « Quand on travaille au niveau microscopique, on doit contrôler chaque partie de son corps, le bout des doigts, les articulations, la pulsation du pouls dans les doigts. Avant de couper, je ralentis ma respiration, ce qui me donne une seconde et demie entre deux battements de cœur pour faire des incisions », confie-t-il à Wired. Pour la La figurine de Buzz Aldrin, réalisée pour commémorer les premiers pas de l’Homme sur la Lune, il s’est servi de son pouls comme d’un marteau-piqueur pour exercer la pression voulue. « Quand on sculpte des miniatures tard dans la nuit, on peut parfois se sentir seul », confie-t-il. « Pour m'amuser, je fais voler des hélicoptères. » C'est la grande obsession de M. Wigan : les hélicoptères miniatures radiocommandés. Il en a 200 modèles différents et ne se déplace jamais sans en emporter un.

    L'artiste utilise un large éventail de matière première - fragments d'or, fibres de tapis et, une fois, un cheveu humain. Il fait ses couleurs en mélangeant de la peinture avec de l'huile de lin, puis en écrasant la concoction jusqu'à ce qu'elle soit très fine. Parfois il peint avec un poil de mouche morte. 

     

    Sources :

    http://www.courrierinternational.com/article/2009/10/20/l-art-de-l-infiniment-petit

    Courrier International, Supplément numéro 997.