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Le commerce du karité

En Europe, 40 000 à 60 000 tonnes de beurre de karité sont utilisées annuellement en Europe dans la confiserie, la chocolaterie et la margarine. La décision de l’Union européenne, en mai 2000, autorisant les chocolatiers à utiliser, jusqu’à hauteur de 5%, les matières grasses végétales d’origine tropicale comme substituts au cacao, pourrait ainsi doper les exportations de Karité.

Malgré le fait que le Nigeria soit le plus grand producteur de noix de karité, c’est le Burkina Faso qui est le plus grand exportateur de beurre de karité au monde, où il est le 3e produit le plus exporté hors du continent après le coton et le bétail. Pour les femmes burkinaises, qui sont encore limitées par des contraintes économiques et politiques qui freinent leurs réalisations personnelles et sociales, le beurre de karité est encore plus important puisqu’il représente souvent le seul revenu qu’elles touchent, leur permettant de subvenir aux besoins de leur famille.

En 2006, le Burkina Faso est devenu le premier pays à offrir un beurre de karité certifié équitable par Transfair, dont l’un des plus importants pays importateurs est le Canada, avec plus de 18 tonnes d’importations en 2010. La certification équitable du beurre de karité assure ainsi à des milliers de paysannes burkinaises de tirer un salaire juste pour leur dur labeur, leur permettant de nourrir leurs enfants et de leur offrir une éducation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on l’appelle «l’or des femmes» et que le CECI a adopté pour sa campagne sur le karité le slogan « Bon pour vous, bon pour elles ». Aujourd’hui, ce sont 3000 productrices, réparties au sein de 67 associations, qui bénéficient de cet échange Nord-Sud.

L'Occitane, le géant européen des cosmétiques, se fournit en beurre de karité au Burkina Faso, où les installations de transformation du karité sont de plus en plus organisées et professionnelles.

L’exportation du beurre de karité

La plus grande partie des noix de karité récoltées est exportée à l'état brut vers l'Europe et l'Asie pour être transformés en composants naturels dans la production de chocolats, produits pharmaceutiques et cosmétiques ; tandis que de petites quantités sont transformées localement en beurre de karité, pour une utilisation comme huile de cuisson et crème pour le corps pour les locaux.

Actuellement, les multinationales d'Europe et d'Asie qui dominent le marché du beurre de karité, dictent les prix, qui sont très faibles, dans leurs propres intérêts. Or, le karité a plus de principes actifs que le cacao, et devrait donc être plus cher.

L’évolution des exportations

Les exportations de noix de karité en provenance d’Afrique de l'Ouest se sont élevées en 2008 à un montant estimé à 100 millions de dollars, selon le spécialiste Peter Lovett.

En 1994, seulement 50 000 tonnes avaient été exportées à un prix moyen de 150 $ / tonne, ce qui avait rapporté moins de 10 millions de dollars dans la région. Depuis les prix ont augmenté -au Ghana, la moyenne actuelle est de  400 $ / tonne – tout comme les volumes : la récolte estimée en 2008 a été de 250 000 tonnes. Pourtant, le karité est toujours moins cher que d'autres graisses végétales, telles que le cacao, dont le prix a culminé à plus de 3000 $ / tonne dans les derniers mois.

C'est ce qui explique en grande partie la popularité du karité : la majeure partie de la production d’Afrique de l'Ouest de fruits et de beurre de karité va encore en Europe, où elle est utilisée comme une alternative moins coûteuse au beurre de cacao dans le chocolat et les pâtisseries.

L’avenir de la filière

En Afrique de l'Ouest, les gouvernements se concentrent davantage sur le karité en tant qu’acteur de la croissance économique. Au Burkina Faso, par exemple, le karité est, après le coton, le premier produit agricole d'exportation ; et avec le Mali, des stratégies nationales ont été élaborées pour sa récolte, y compris dans la recherche pour améliorer le rendement et développer des services de vulgarisation pour partager les connaissances avec les agriculteurs et les producteurs de base. Le Ghana a récemment formé un comité de pilotage national sur le karité pour aider à planifier la croissance et la durabilité de l'industrie.

La vente

Après tous les efforts pour récolter les fruits et en extraire le beurre (en moyenne 3 jours pour le processus entier), il est triste de constater que le beurre de karité produit par les gens locaux ne réponde pas à la norme et à la qualité requise pour l'exportation, et n’apporte donc pas les rendements attendus.

La seule option qui reste alors pour les locaux, pour gagner un revenu raisonnable, est de vendre les noix de karité à l'agent des achats locaux ou à des intermédiaires à un prix très réduit.

Les intermédiaires, à leur tour, exportent les noix de karité sur le marché étranger à un prix désavantageux, en raison du coût du fret et de l'influence directe des multinationales d'Europe et d'Asie, qui contrôlent les industries du beurre de karité et le prix du marché.

Actuellement, 80% des noix de karité récoltées en Afrique de l'Ouest sont exportées vers l'Europe et l'Asie dans sa forme brute, privant ainsi les gens locaux et les ouest-africains d’opportunités d'emploi que le traitement du beurre de karité de qualité aurait créées.

Vers une amélioration de la situation ?

Compte tenu des facteurs susmentionnés, le Cocoa Research Institute of Ghana (GRIG) mène actuellement une recherche à Bole, sur la possibilité de domestiquer l'arbre de karité sauvage, afin d’améliorer la culture sur de grandes plantations et de réduire les risques encourus par les populations rurales pendant la collecte (morsures de serpents, fatigue, déshydratation…).

 

Sources :

http://www.watradehub.com/node/550

http://oomphitsnatural.blogspot.fr/2012/07/shea-butterization.html

http://www.cooperation.net/k2ri/vitellaria-paradoxa-karite?lang=en

http://www.centrenaturesante.com/article.php?p_ida=48

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