Le nouvel attrait de Lagos auprès des investisseurs et promoteurs immobiliers
L'effet n'est pas seulement cosmétique. Autrefois, la ville rebutait. Aujourd'hui, de nombreuses compagnies étrangères s'y installent, comme la chaîne de supermarchés sud-africaine Shoprite, qui y a ouvert trois magasins haut de gamme.
Les revenus de l'État de Lagos se sont simultanément envolés. En 1999, il disposait de 600 millions de nairas (6 millions d'euros à l'époque) de recettes fiscales par mois, affirme le gouverneur Fashola. En 2007, à son arrivée, elles étaient passées à 7 milliards de nairas. Une compagnie liée à son prédécesseur a remporté un contrat de sous-traitance controversé pour collecter taxes et impôts. L'accord était juteux, puisque l'entreprise gagnait 10 % de tous les revenus perçus au-delà de 7 milliards de nairas. Mais, pour Fashola, le bilan est positif : les revenus mensuels dépassent désormais les 15 milliards de nairas par mois. La ville vit à 75 % de ses propres ressources et a fait des émules dans le reste du pays.
L’amélioration des transports en commun
Beaucoup a été investi dans les transports. En 2008, un système de bus rapides a été lancé avec un partenariat public-privé. Chaque jour, 200 000 personnes utilisent le réseau, bien plus efficace que les transports en commun informels, selon Dayo Mobereola, directeur général de l'Autorité des transports de l'aire métropolitaine de Lagos. Plus ambitieux encore, un projet de tramway qui devrait comporter sept lignes une fois achevé. Il pourrait transporter plusieurs centaines de milliers de passagers par jour. « Nous essayons de bâtir des infrastructures qui seront capables de répondre à nos besoins dans dix ou quinze ans », explique Mobereola.
Un « lifting » centré sur les quartiers aisés ?
Alors que les yachts des millionnaires mouillent dans les baies de Lagos, près des deux tiers des habitants vivent dans des bidonvilles. Les efforts pour transformer la cité sont trop concentrés sur les quartiers aisés, estiment certains. Pour Robert Neuwirth, un écrivain américain venu enquêter pendant plusieurs mois sur le secteur informel nigérian en 2007, l'économie de la rue, dont dépendent les trois quarts des habitants de Lagos, a été sévèrement touchée. Dans les appartements décrépits, jusqu'à dix personnes vivent parfois dans une seule pièce, sans cuisine ni salle de bains. L'approvisionnement en électricité (parfois décrit comme « épileptique ») n'est pas plus régulier que l'alimentation en eau.
Kingsley Omose, un avocat qui travaille dans un quartier déshérité d'Orile-Iganmu, affirme que seuls les quartiers riches ont eu droit à un vrai lifting, mais reconnaît que la vie dans les bidonvilles s'est aussi améliorée. « La première fois que je suis venu, en 2007, cette route ressemblait à un chemin, impraticable dès qu'il pleuvait », explique-t-il. Après de multiples demandes, le gouvernement de Fashola a fini par goudronner plusieurs axes de circulation. De nombreuses entreprises ont vu le jour, comme ces petites boutiques qui proposent les produits d'alimentation de base. Des immeubles ainsi qu'une clinique privée de quatre étages sont sortis de terre. « Il n'y a toujours pas de quoi s'enthousiasmer, assure Olabode Medale, le président d'une association du quartier. Mais, honnêtement, cela s'améliore. »
Source : http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2694p036-037.xml0/