• BOTSWANA - Le Kgosi & le Kgotla

    Le kgosi

    Un kgosi est le titre donné à un chef héréditaire d’une tribu botswanaise. Le mot «kgosi» signifie «roi» ou «chef » en setswana.

    Divers affixes peuvent être ajoutés au mot pour en changer son sens : en ajoutant le préfixe di-, on crée la forme plurielle « dikgosi » ; le suffixe féminin -gadi forme le mot « kgosigadi », et le suffixe -kgolo, qui signifie «grand», crée kgosikgolo, l’expression pour « chef suprême ».

    Le bureau des chefs tribaux est appelé le bogosi, tandis que la personne qui assume la charge est le kgosi.

    Ses fonctions

    La Loi Bogosi (Bogosi Act) de 2008 définit les pouvoirs des dikgosi. Conformément à la Loi Bogosi, le kgosi d'une tribu a plusieurs fonctions : gérer la tribu, organiser des assemblées traditionnelles (les kgotla), et suivre les règles et les conseils du gouvernement national et des membres de la tribu. Les dikgosi des huit principales tribus botswanaises deviennent automatiquement membres de la Ntlo ya Dikgosi, un organe consultatif au sein du Parlement du Botswana.

    Le kgosi a la possibilité de nommer un mothusa kgosi, qui agit comme un chef intérimaire quand le kgosi est temporairement incapable d'exercer ses fonctions. Ceci est différent du motshwarelela bogosi, un bureau créé lorsque le kgosi est définitivement incapable d’assumer ses fonctions et qu’un kgosi de remplacement est nécessaire.

    La loi a été critiquée par des chefs tribaux en raison des limites imposées aux pouvoirs du kgosi. En 2010, Kgosi Kgafela II, de la tribu Kgatla, a été accusé d’avoir donné des coups de fouet, mais il a soutenu que les dikgosi avaient l'immunité de juridiction de l'Etat. La Cour suprême du Botswana a classé l'affaire le 11 mai 2011, affirmant que « les dikgosi ne peuvent pas agir en dehors de la constitution et des lois prescrites par le Parlement quand tous les autres fonctionnaires de l'Etat agissent dans les limites légales. » Pour éviter les frais de justice de l'affaire, Kgafela a déménagé à Moruleng, en Afrique du Sud.

    Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Kgosi

    ***

    Le kgotla

    BOTSWANA - Le Kgosi & le KgotlaBOTSWANA - Le Kgosi & le Kgotla

    (Ci-dessus : photos du kgotla d'une ville au Botswana)

    Ecrit par Phil Sandick, publié le 2009-10-14

    Le Botswana fait partie d’une poignée de pays africains qui sont restés politiquement stables depuis leur indépendance. Alors que les commentateurs sont prompts à déclarer que les traditions tribales démocratiques sont la cause d'une telle constance, il faut tenir compte du fait qu'elles ont aussi entravé la croissance de la société civile de façon importante. Le « kgotla », ou « lieu de rencontre », est un bon exemple d'arme à double tranchant.

    Chaque tribu au Botswana a un chef -ou « kgosi »- et presque chaque tribu a un village d'accueil. Dans le village, il y a des groupements d'habitations, et chaque groupement a son propre lieu de rassemblement central : le kgotla. Tout ce qui touche une grande partie des membres de ce kgotla sera annoncé dans ce lieu en plein air, circulaire, partiellement clos de murs, au plancher en terre battue. Si l'annonce concerne toute la tribu, elle se fera à la kgosing - le kgotla du kgosi. Puis, les membres discuteront.

    Les historiens font remonter l'apparition de la coutume du kgotla au début du 19ème siècle au plus tard, et beaucoup la considèrent comme une percée majeure dans le pluralisme fondé sur le dialogue. Des proverbes parlent de la nature démocratique de la structure sociale tribale du Botswana, comme celui déclarant que tout ce qui est dit au kgotla est beau, ou encore, que le chef est le chef par le consentement de son peuple. Beaucoup voient dans ces discussions ouvertes le fondement de la stabilité politique durable du Botswana.

    Jusqu'à l'indépendance, les femmes, les jeunes et les membres de tribus dominées (les Bushmen) ne prenaient pas la parole à ces réunions. Et bien que tous les points de vue soient entendus au kgotla, un autre hic existe dans sa nature démocratique: le kgosi a déjà consulté les anciens et a à peu près déjà pris sa décision concernant le problème avant d'approcher le peuple. Il écoute les opinions des gens, mais généralement ne s'écarte pas de son choix. Ce modus operandi continue encore aujourd’hui  à tous les niveaux de gouvernement : tribal, national, et autre.

    Très rarement, des décisions peuvent toutefois y être prises. La privatisation des terres de pâturage fut interrompue dans certains districts et sévèrement réduite dans d'autres, en raison de la dissidence bruyante émise lors des réunions kgotla. Cependant, le gouvernement fait tout son possible pour priver les chefs locaux de leurs prérogatives.

    Ce fut particulièrement difficile pour les femmes. En raison du fait que les individus étaient autorisés à exprimer un désaccord, avec ou sans impact sur ​​le kgotla, l'action politique de groupe fut désapprouvée durant les premières décennies suivant l'indépendance. En outre, les groupes de femmes n’étaient, en aucune façon, censés être politiquement impliqués. Même s'ils furent autorisés à participer aux réunions kgotla après l'indépendance (ou peut-être parce qu'ils l’étaient), les femmes Batswana étaient doublement privés de leurs droits. Puis vint l'Association de Femmes d’Emang Basadi (Emang Basadi Women’s Association).

     (De gauche à droite : A. Molokomme et U. Dow.)

    Grâce à une campagne agressive pour apprendre aux femmes à travers le Botswana qu'elles étaient discriminées par les lois de leur propre pays, le professeur de droit de la famille de l'Université du Botswana Athalia Molokomme et son « Emang Basadi » (Levez-vous, Femmes) innova en politique et mit un terme à une législation inéquitable. La Loi de 1982 sur la Citoyenneté (The 1982 Citizenship Act) aurait nié aux femmes botswanaises le droit de transmettre leur nationalité à leurs enfants en cas de mariage à un étranger. Le Botswana, toutefois, n’allait pas devenir un pays patrilinéaire. Soutenu par Emang Basadi et la branche botswanaise de « Women and Law in Southern Africa » (les Femmes et le Droit en Afrique australe), la juge de la Cour Suprême, Unity Dow, porta l'affaire devant les tribunaux et gagna. (NB : Dow prit sa retraite de son poste de juge de la Cour Suprême en 2009, et Molokomme devint le procureur général du Botswana.)

    Ce que nous avons ici sont quelques lignes directrices pour la mobilisation politique et la libéralisation démocratique dans les pays où la population est éparse. Les représentants, qu’ils soient chefs ou députés, devraient participer à des réunions à travers le pays, et leurs voix et ceux des autres, devraient être entendues. Ce type de participation inclusive laissera tout le monde de plus en contact avec la situation à la fois sur le terrain et dans la capitale. Les individus, même dans l'arrière-pays, doivent être éduqués sur les questions qui les concernent, même si cela signifie contester les structures de pouvoir existantes.

    Espérons que, comme le font  Kgosi Kgolo Kgafela II et son Bakgatla, ils le feront, et leur désaccord par différents biais/canaux jettera les bases d’un pluralisme durable basé sur le dialogue.

     

    Source : http://www.capafrique.org/cappub.php?id=215