• Francisco Xavier da Cruz, "B. Leza" (Cap-Vert)

    Francisco Xavier da Cruz (B. Leza)Francisco Xavier da Cruz, "B. Leza" (Cap-Vert)

    Francisco Xavier da Cruz, dit B. Leza -son pseudonyme professionnel- est le poète et compositeur le plus célèbre du Cap-Vert, et est aussi l'oncle de Cesaria Evora.

    Il a enseigné le style musical emblématique du Cap-Vert, la Morna, à Evora et Bana, et a joué avec ce dernier jusqu'à sa mort en 1958.

    Dans les dernières années de sa vie, B. Leza a été atteint de paralysie et a été contraint d'utiliser un fauteuil roulant - Bana devait le conduire à des spectacles. Il a réussi à réinventer la Morna pour compenser son manque de souffle en raccourcissant les phrases et les syllabes « avalées ». Ces changements ont depuis effectivement été incorporés dans le style musical de plusieurs artistes.

    Francisco Xavier da Cruz dit B. Leza a beaucoup souffert dans sa courte vie (il est mort à 53 ans). Cloué sur une chaise roulante à 40 ans à la suite d'une chute, disposant de faibles ressources, B. Leza sombre dans l'alcool et voit sa femme portugaise retourner dans son pays natal (il lui dédiera Traz de horizonte). Un tableau noir qu'il décrira dans une de ses compositions, Lua nha testemunha, aux paroles on ne peut plus trites et expressives : "Le monde semble jouer avec moi. Un jeu aveugle dont chaque rotation me fait souffrir un peu plus et me pousse vers Dieu". Lui-même avait fait de la tristesse le dénominateur commun entre la morna et l'âme cap-verdienne. Lua nha testemunha serait l'une des dernières compositions de B. Leza dont l'oeuvre est richissime, avec un nombre de mornas allant de 260 à 1700, mais aussi des sambas et des tangos. Même s'il reste un amoureux comme Eugénio Tavares, B. Leza a été un des premiers compositeurs de morna à dénoncer la souffrance humaine et l'oppression coloniale dans le monde. Deux de ses textes sont emblématiques de cet état d'esprit : l'un contre Hitler durant la seconde guerre mondiale, l'autre annonçant le réveil de l'Afrique notamment en Ethiopie, alors sous les bottes des soldats du Duce.

    Cependant, c'est surtout son style musical élaboré qui en fait l'une des plus grandes figures de la morna et qui lui a valu son surnom : émerveillé par sa façon de jouer, un Brésilien aurait poussé un cri admiratif (Que beleza!, quelle beauté !), exclamation qui est devenu son nom d'artiste.

    B.Leza, comme son mentor Luis Randall, a vécu à Mindelo, port de l'île de Sao Vincente, ouvert au monde notamment au Brésil et à sa musique. A cette époque, Sao Vincente écoute surtout les compositions de musiciens brésiliens tels que Silvio Caldas, Dorival Caymi, Orlando Silva, Ataulfo Alves et Chico Alves. C'est à cette école qu'il va se former. A l'aide de sa guitare "Bronze", qu'il a fait fabriquer au Portugal, il introduit le demi-ton dans la morna et la fixe dans sa forme moderne.

    Dans sa maison de Cracra, B.Leza a également formé beaucoup de musiciens et composé nombre de chansons que des amoureux venaient lui demander avant d'aller les chanter sous la fenêtre de l'élue de leur coeur. C'est par exemple le cas de la morna Minduca, composée à la demande d'un certain Armando Leite en hommage à Arminda Espanhola, dite Minduca, qui s'apprêtait à partir pour l'Angola.

    Sources :

    "Les musiques du Cap-Vert", de Vladimir Monteiro.

    http://www.discogs.com/artist/B.+Leza